ЛЕЙБНИЦ О КИТАЙСКОЙ ФИЛОСОФИИ И РЕЛИГИИ LETTRE SUR LA PHILOSOPHIE CHINOISE A NICOLAS DE REMOND1 I. Du Sentiment des Chinois sur Dieu
lt;Igt; J'ay pris plaisir de parcourir les livres que vous m'av?s en- voyёs sur les sentimens des Chinois. J'incline a croire que leurs Au- teurs, sur tout les anciens Auteurs, re9oivent un sens raisonnable; et qu'il ne faut point faire difficulte de le leur donner, malgre les sentimens de leurs modernes.
C'est comme chez les Chrestiens,qui ne sont pas tousjours obliges de suivre le sens que les scholastiques, les glos- sateurs ou autres posterieurs ont donne a la sainte Ecriture, aux anciens рёге8 de l'Eglise, et aux anciennes loix. Et cela a d'autant plus lieu a la Chine, que le Monarque, qui est le chef des Sages, et la vie de la Loy, paroist autoriser les explications raisonnables de ladoctrine des anciens. Ainsi la raison sur la quelle le Рёге Nicolas Longobardi, successeur du P. Matthieu Ricci fondateur de la mission de la Chine, s'appuye le plus, pour combattre les explications accommodantes de son p^decesseur, disant que les Mandarins s'en moquent, qui a fait une difficuh? considerable de son temps, cesse aujourdhuy par l'autorite de ce Prince, et de beaucoup d'habiles gens de sa cour; et il faut profiter d'une si grande autorit?. C'est le veritable moyen de corriger tout doucement, sans en faire semblant, ceux qui se sont ёсаг1ё8 de la verite, et meme de leur propre antique. Cela fait voir qu'on ne doit point se laisser rebuter d'abord par les difflcultёs, et que le P. Martinius et ceux qui sont de son sentiment ont fait sagement de suivre l'avis du Рёге Ricci et d'autres grands hommes, et de maintenir ces explications malg^ les oppositions des Рёге8 Emanuel Diaz, Nicolas Longobardi Jesuites, et du Рёге An- toine de Sainte-Marie, Franciscain, et та^гё le n^pris de plusieurs Mandarins. II suffit que ces explications des Anciens soyent ^s souten- ables, car l'opinion des Chinois modernes paroist flottante. Mais a examiner les choses de pres, ces explications se trouvent тёте lesLeibniz Gottfried Wilhelm.
Zwei Briefe iiber das Binare Zahlensystem und die chinesische Philosophie. Belser-Presse, MCMLV1II (1968). P. 39-132.mieux fondees dans les textes. Je ne parle icy que de la doctrine, et je n'examine point les c?remonies, ou le culte, qui demande une plus grande discussion.
lt;2gt; On peut douter d'abord, si les Chinois reconnoissent, ou ont reconnu des substances spirituelles. Mais apres у avoir bien pense, je juge qu'ouy, quoy qu'ils n'ayent peut-estre point reconnu ces substances comme s?par6es, et tout a fait hors de la matiere. II n'y auroit point de mal en cela a l'6gard des Esprits cr6es, car je panche moy meme a croire que les Anges ont des corps, ce qui a 6t6 aussi le sentiment de plusieurs Anciens Pferes de l'Eglise. Je suis d'avis aussi que l'ame rai- sonnable n'est jamais depouillee en^rement de tout corps. Mais к l'?gard de Dieu il se peut, que le sentiment de quelques Chinois ait ёгё de luy donner aussi un corps, de consid6rer Dieu comme l'Ame du Monde, et de le joindre к la matiere, comme ont fait les anciens Philosophes de la Grece et de l'Asie. Cependant en faisant voir, que les plus anciens au- teurs de la Chine attribuent au Li ou premier principe la production meme du Ki ou de la matiamp;re, on n'a point besoin de les reprendre, et il suffit, de les expliquer. On pourra persuader plus aisement a leurs disciples, que Dieu est Intelligentia supramundana, et au dessus de la matiere. Ainsi pour juger que les Chinois reconnoissent les substances spirituelles, on doit sur tout considerer leur Li ou ramp;gle; qui est le premier Acteur et la raison des autres choses, et que je crois repondre a notre divinite. Or il est impossible d'entendre cela d'une chose purement passive, brute et indifferente a tout, et par consequent sans regie, comme est la matiere. La regie par exemple ne vient pas de la Cire, mais de celuy qui la forme. Leurs Esprits aussi qu'ils attribuent aux Elemens, aux fleuves, aux montagnes, sont ou la puissance de Dieu, qui у paroist, ou peut-etre, au sentiment de quelques uns parmy eux, des substances spirituelles particuli6res douees de la force d'agir et de quelque connoissance, quoyqu'ils leur attribuent des corps subtils et aeriens, comme les anciens Philosophes et les РёгеБ en donnoient aux G?nies ou Anges.
C'est pourquoy les Chinois ressemblent a ces Chrestiens, qui croioient que certains Anges gouvernent les Elemens et les autres grands corps. Ce qui seroit une erreur apparemment, mais qui ne renverseroit point le Christianisme. Dans le regne des Scholastiques on n'a point condamn6 ceux qui croyoient, avec Aristote, que certaines intelligences gouvernoient les sph?res celestes. Et ceux qui parmy les Chinois croy- ent que leurs ancetres et leurs grands hommes sont parmy ces Esprits, s'approchent assez de Г expression de notre Seigneur, qui insinue, que les bien heureux doivent etre semblables aux anges de Dieu. II est done bon de considerer, que ceux qui donnent des corps aux G6nies, ou Anges, ne nient point pour cela les substances spirituelles cr6ees, car ils accordent des ames raisonnables к ces Genies doues de corps, comme les hommes en ont, mais des ames plus parfaites,comme leurs corps sont plus parfaits aussi. Ainsi le Рёге Longobardi, et le P. Sabbatini cite par le premier, ne dёvoient point conclure, de ce qu'il paroist que les Chinois donnent des corps a leurs Es- prits, qu'ils ne reconnoissent point de substances spirituelles.lt;3.gt; Comme la Chine est un grand Empire, qui ne cёde point en ёtendue к l'Europe cultiv6e, et la surpasse en popuIositё et en bonne police; et comme il у a dans la Chine une morale extёrieure admirable к certains ёgaг(is, jointe a une doctrine philosophique, ou bien к ипеТЬёо- logie naturelle, уёпёгаЫе par son antique, ёtablie et autorisee depuis trois mille ans ou environ, long temps avant la Philosophie des Grecs, laquelle est pourtant la ргепиёге dont le reste de la terre ait des ouvrag- es, nos Saints livres tousjours ехсер1ё8; ce seroit une grande imprudence et presomtion к nous autres nouveaux venus aupres d'eux, et sor- tis к peine de la Barbarie, de vouloir condamner une doctrine si anci- enne, parce qu'elle ne paroist point s'accorder d'abord avec nos notions scholastiques ordinaires. Et d'ailleurs il n'y a point d'apparence, qu'on puisse dёtшire cette doctrine sans une grande revolution.
Ainsi il est raisonnable de voir, si on ne pourra pas luy donner un bon sens. Je souhaiterois. que nous en eussions des nr^moires plus amples, et quanta d'extraits, exactement traduits des livres classiques des Chinois, oii ils parlent des principes des choses, il seroit тёте к souhaiter qu'on les fit traduire tous ensemble. Mais cela n^tant point encore fait, on n'en peut juger que par provision. Et comme le Рёге Longobardi ^suite, direct- eur des missions de la Chine аргё8 le P. Ricci, qui у etoit entre le premier, a ёtё durant un grand nombre d'amrees dans la Chine, jusqu'a sa mort, 6tant arrive presque a l'age de 90 ans, et а гарроЛё dans un petit ouvrage imprint (mais non entier) plusieurs passages des auteurs classiques Chinois, mais dans le dessein de les гёЛиег, ce qui le rend d'autant moins suspect de les avoir favorisёs; j'ay cru que ce que j'en tirerois pour donner un sens raisonnable aux dogmes аиК)118ё8 de la Chine, seroit plus seur, et moins sujet к etre soub?om^ de flatterie. A quoy je joindray par су par la ce que le Рёге Antoine de Sainte Marie, аиасЬё au sentiment du Рёге Longobardi, у a adjoutё.lt;4.gt; Le premier principe des Chinois s'appelle Li (2; 13) c'est-a- dire Raison ou fondement de toute la nature (5; 32) raison et substance tres universelle (11; 50) il n'y a rien de plus grand, ni de meilleur que le Li (11; 53). Cette grande et universelle cause est pure, quiёte, subtile, sans corps et sans figure, qui ne se peut connoitre que par l'entendement (5; 32). Du Li entant que Li ётапеЩ cinq vertus, la Piet?, la Justice, la Religion, la Prudence, et la Foy (11; 49).
lt;4a.gt; Le Рёге de S. Marie, qui a aussi et6 long temps dans la Chine, et a aussi ecrit contre les dogmes des Chinois, dit dans son Trait? sur quelques points importans de la Mission, que leur Li est la loy qui di- rige les choses, et une intelligence qui les conduit (p. 62); la Loy et la Rёgle universelle, selon laquelle le Ciel et la Terre ont est? formez (p.
65), origine, source, et principe de tout ce qui a ete produit (p. 72). II remarque que les Japonois disoient aux Missionnaires, que de la puissance et de la vertu du Li toutes les choses pnx^dent comme de leur principe; et qu'il suffit sans que le monde ait besoin d'aucun autre Dieu, comme le P. Luzena J6suite cite par le P. de S. Marie (p. 68) le rapporte dans son Histoire de l'entr6e du P. Francois Xavier au Japon (livre 8 ch. 2). Ainsi selon les Chinois le Li est la seule cause qui fait mouvoir le Ciel depuis tant de 81ёс1е8 d'un mouvement tousjours 6gal; il donne la stabilite h la Terre, il communique aux Е8рёсе8 la vertu de produire leurs semblables; cette vertu n'est pas dans la disposition des choses, et ne depend point d'elles mais elle consiste et reside dans ce Li; elle pre- domine sur tout, elle est dans tout, gouverne et produit tout en maitre absolu du Ciel et de la Terre (p. 73). Le P. de S. Marie у adjoute : Voilamp; le Texte Chinois dans leur Philosophie kingli (je crois qu'il faut lire singll) livre 26. p. 8.[Apres tout cela pourquoi ne diroit on pas que le Li est notre dieu C'elt;st-amp;-diregt;, la den^re, ou si vous voules, la ргегтёге Raison de l'Existence et тёте de la possibilite des choses; la source de tout bien qui est dans les choses; la ргепиёге intelligence, ce qui par Anaxagore et autres anciens Grecs et latins 6toit appelle Now;, Mens.]
lt;5.gt; Le P. Longobardi ramasse dans sa section quatorziёme (74 seq.) les attributs que les Chinois attribuent a ce premier principe, ils l'appellent (par excellence) l'Etre, la Substance, l'Entite. Cette Substance, selon eux, est infinie, 6ternelle, increee, incorruptible, sans principe; et sans fin. Elle n'est pas seulement le principe physique du Ciel, de la Terre, et des autres choses corporelles; mais encore le principe moral des vertus, des habitudes, et des autres choses spirituelles. Elle est invisible, elle est parfaite dans son Etre au souverain degre; elle est meme toute sorte de perfections (p.
75).lt;6.gt; Ils Fappellent aussi Г Unite sommaire (dit il) ou supreme; parce que comme dans les nombres Гипкё en est le principe, et qu'elle n'en a point; aussi dans les substances, dans les essences de l'univers, il у en a une qui est souverainement une, qui n'est point capable de division quant a son entite, et qui est le principe de toutes les essences, qui sont et qui peuvent etie dans le monde. Mais elle est aussi VAggregee ou la plus parfaite multitude, parce que dans FEntite de ce principe sont renfermees toutes les essences des choses, comme dans leur germe. Nous en disons autant, lorsque nous enseignons que les Idees, les raisons primitives, les prototypes de toutes les essences sont en Dieu. Et joignant l'unite supreme, avec la plus parfaite multitude, nous disons que Dieu est Unum omnia, Unum continens omnia, omnia comprehensa in unof sed Unumformaliter, omnia eminenter.
lt;1gt; Le meme P. Longobardi remarque dans la meme section, que les Chinois disent, que le Li est le grand Vuide ou Espace, la capacite immense, parce que dans cette Essence universelle toutes les essences particulieres sont renferm?es. Mais ils Fappellent aussi la souveraine plenitude, parce qu'elle remplit tout, et ne laisse rien de vacant. Elle est etendue au dedans et au dehors de l'univers. Ces ma^res, (dit il) sont traitees a fond dans le chung-jung (un des livres de Confucius) depuis le 20 chap, jusques au 25. C'est ainsi que nous expliquons l'immensite de Dieu, il est par tout, et tout est dans luy. Et c'est ainsi que le P. Lessius a dit que Dieu est le lieu des choses, et que M. Guerike inventeur de la machine du vuide, a cru que l'espace appartenoit a Dieu. Pour donner un bon sens к cela, il faut concevoir l'espace, non pas comme une substance, qui a des parties hors des parties, mais comme l'ordre des choses entant qu'elles sont considerees comme existentes ensemble, prov- enant de l'immensite de Dieu, entant que toutes les choses en dependent dans chaque moment. Et cet ordre des choses entre elles vient du rapport к leur commun Principe.
lt;8.gt; Les Chinois appellent aussi leur Li Globe ou Rond. Je crois que cela se rapporte a nos maniamp;res de parler, lorsque nous disons, que Dieu est une sphere ou un Cercle; dont le Centre est par tout, et dont la circomference est nulle part. Ils Fappellent la Nature des choses, je crois que c'est comme nous disons que Dieu est la Nature Naturantey et comme nous disons que la Nature est sage; qu'elle fait tout pour une fin, qu'elle ne fait rien en vain. Les Chinois luy attribuent aussi la Verite et la Bonte\ comme nous l'attribuons a l'Etre dans nos metaphysiques. Mais apparemment chez les Chinois, comme le Li est l'Etre par excellence, il possёde aussi la Verite et la Bonte par excellence. Le P. Longobar- di adjoute, que l'auteur (je crois qu'il entend Confucius Auteur du chung- jung) prouve son dire par 18 passages d'autres auteurs plus anciens.
lt;8 a.gt; Pour conclure: Le P. Longobardi remarque (78) que les Chinois attribuent au Li encore toutes sortes de perfections, de maniere qu'il ne peut у avoir rien de plus parfait. II est le souverain Moyen, la souveraine droiture, la souveraine purete. II est souverainement spiritu- el, souverainement imperceptible; enfin si parfait, qu'on n'y peut rien ajouter. C'est tout dire.
lt;9.gt; Apres cela, ne diroit on pas, que le Li des Chinois est la souveraine substance que nous adorons sous le nom de Dieu? Mais le Pere Longobardi s'y oppose (14; 78. seqq.) Voyons si ces raisons sont suff- isantes, je m'imagine (dit il) que quelqu9 un pourra croire, que le Li est nostre Dieu parce qu'on luy donne des qualites et des perfections qui ne conviennent qud Dieu. Prenes bien garde de vous laisser eblouir par ces titres specieux sous lesquels il у a du poison cache. Car si vous penetres jusques au fond, et jusques a la ratine, vous verres que ce Li n est autre chose que notre Matiere premiere; ce qui se prouve par la raison que si d une part ils luy donnent de grandes perfections, d' une autre ils luy don- nent de grands defauts, comme nos Philosophes en donnent a la matiere premiere. Je rapporte les propres paroles du P. Longobardi, et je les exam- ineray avec soin. II semble qu'il tombe de bien haut.
lt;10.gt; Je reponds d'abord en g6neral a cette remarque du Pere, que si les Chinois s'oublioient asses pour parler d'une maniere qui paroist si contradictoire, il ne faudroit point asseurer pour cela, que le Li des Chinois est la Маиёге premiere, plus tot que de dire qu'il est Dieu; mais il faudroit demeurer d'abord en suspens, et voir lequel des deux partis est le plus apparent, et s'il n'y en a pas meme un tiers. II faudroit voir aussi s'ils ne donnent pas au Li plus d'attributs de Dieu, que d'attributs de la matiere premiere; et si le premier des deux dogmes n'a pas plus de liaison avec le reste de leur doctrine. Je crains moy que le bon Pere Longobardi dejamp; pr6venu contre la doctrine Chinoise, n'ait 6t€ ebloui luy meme par les discours de certains Mandarins Athees, qui se sont moques de ceux qui vouloient tirer des consequences de la doctrine de leur ancestres, pour etablir la divinite, la providence, et le reste de la religion naturelle. II ne faut point se fier aux interpr6tations de ces gens Ik, qui sont manifestement forcees, non plus qu'k un Аamp;ёе d'Europe qui s'efforceroit de prouver par des passages ramass6s mal к propos de Salomon, et d'autres auteurs sacres, qu'il n'y a point de recompense, n'y de chastiment apres cette vie. Et si par malheur FAtheisme prevaloit en Europe, et у devenoit la doctrine commune des plus savans Lettres, comme il у a eu un temps ou FAverroisme prevalut quasi parmy les Philosophes de l'ltalie; les Missionaires envoyes en Europe par les sages de la Chine, et etudiant nos anciens livres, auroient raison de s'opposer au torrent des sentimens de ces Lettres, et se moquer de leurs moqueries.
lt;11.gt; Le P. de S. Marie (p. 84. 85) rapportant les grandes et belles choses que les Chinois disent du Li, du taikie, du xangti, qui ne peuvent convenir qu'a Dieu, et qu'ils le depouillent par aprhs de toute connois- sance, croit qu'ils se contredisent. Mais s'il en estoit ainsi, pourquoy ne point s'attacher к ce qu'ils disent de bon, refutant et rebutant ce qu'ils disent de mauvais et de contradictoire au bon. Selon eux le Li ou le taikie est Un par excellence, le bien tres pur sans aucun melange, un etre tres simple et tvhs bon, principe qui forma le Ciel et la Terre, la supreme vei^ et solidite en elle-meme, mais qui ne renferma pas en soy, et pour se communiquer сгёа toutes choses: Un fonds de piete, de vertu, et de charite. La cr6ation de toutes choses est sa propre science: toutes les perfections sont de son essence, et de sa nature. Ce principe comprend tant au dehors qu'au dedans de soy-meme toutes les voyes et les loix de la raison, par laquelle il dispose de tout selon les temps, sans jamais cesser d'agir ni de produire. C'est supposer que Li, taikie ou xangti est une nature intelligente, qui prevoit tout, qui sait tout, et qui peut tout. Et les Chinois ne peuvent sans se contredire attribuer de si grandes choses к une nature qu'ils croiroient inepte, sans vie, sans sentiment, sans intelligence, et sans sagesse. Le Рёге repond que les philosophes payens ont aussi avam^ des choses qui impliquent contradiction. Mais je crois que lors que les contradictions sont expresses, in terminis terminantibus, on peut bien les attribuer a de diffёгentes sect- es, mais non pas aux memes, et qu'il faut a l^gard d'une meme secte, chercher une conciliation et cela de la татёге la plus uniforme.
lt;12.gt; Mais pour venir au d6tail, je ne voy point comment il soit possible, que les Chinois puissent de la таПёге ргепиёге, telle que nos philosophes l'enseignent dans leurs Ecoles, qui est une chose purement passive, sans regie et sans forme, tirer l'origine de Taction, de la regie et des formes. Je ne les crois pas assez stupides et absurdes pour cela. Cette тайёге ргеппёге scholastique n'a point d'autre perfection au deli de l'Etre, que celle de la receptivite [ou de la possibilite], de la puissance passive. Elle n'a rien que la capacite de pouvoir recevoir toutes sortes de figures, de mouvemens, de formes. Mais elle n'en sauroit etre la source, et il est clair comme le jour, que la puissance active et la perception qui ^gle cette puissance active, pour орёгег d'une татёге d6terminee, ne luy conviennent pas. Ainsi je crois que c'est tres mal к propos qu'on fait passer le Li des Chinois, qui est la Raison ou la Rёgle, pour la таиёге ргеппёге.
lt;13.gt; II у a eu un certain David de Dinanto sous le ^gne des scho- lastiques, qui soutenoit que Dieu 6toit la тайёге ргеппёге des choses. On pourroit dire quelque chose de semblable de Spinosa, qui paroist soutenir, que les Cr6atures ne sont que des modifications de Dieu. Mais la тайёге ргеппёге, dans le sens de ces Auteurs n'est pas une chose purement passive, car elle renferme le principe actif. II se peut que quelques Chinois ayent des idёes semblables: Mais il ne faut pas en accuser ^ёгетеЩ toutes leurs Ecoles. On a quelques fois coutume de dire encore chez nous, que l'ame est une portion de Dieu, divinae par- ticula aurae. Mais ces expressions ont besoin d'une interpretation ad- doucissante. Dieu n'a point de parties, et quand on dit que l'ame est une Emanation de Dieu, il ne faut point s'imaginer que l'ame soit une portion qui en fut dёtachёe, et qui у doive retourner comme une goutte к Госёап. Car ce seroit rendre Dieu divisible, mais c'est que l'ame est une production imnrediate de Dieu. Quelques Philosophes comme Jules Scaliger, ont soutenu, que les formes n'etoient point une Eduction de la МаПёге, mais une Eduction de la cause Efficiente; et c'est ce qui fut applaudi, et soutenu par les Traducteurs des ames. Mais on ne peut point dire, que l'ame soit ётапёе de la substance de Dieu, d'une татёге qui donne к Dieu des parties; elle ne peut done etre produite que de rien. Ainsi si quelque Philosophe Chinois disoit, que les choses sont des Emanations du Li, il ne faudroit point luy imputer d'abord, qu'il fait du Li la cause п^ёйеИе des choses.
lt;14.gt; C'est ainsi que je crois qu'on pourroit prendre le passage du livre intitute chu-zu liv. 28 de la Philosophie pag. 2 que le Рёге Lon- gobardi cite (12; 61.62). Cet auteur dit fort sagement, que les Esprits ne sont pas l'air, mais la force de l'air. Et si Confucius a dit a un de ses disciples, que les Esprits n'etoient que de Гаіг, il a entendu de Гаіг anime, et s'est accommode a la сараскё de ce disciple peu capable de concevoir les substances spirituelles. Ainsi chez les Grecs et chez les Latins ллgt;є\)ц,а Spiritus signifie FAir, c'est a dire matiere subtile et p?n?trante, dont en effect les substances immaterielles cr?ees sont reves- tues. Le meme auteur liv. 28, p. 13 adjoute un peu apramp;s, que les Esprits s' appellent Li: j'en juge que le mot doit etre ambigu, et se prend quelques fois par excellence pour 1 Esprit supreme, quelques fois aussi pour tout esprit, car peut-etre qu'etymologiquement il signifie raison ou regie. L'auteur Chinois, selon la traduction que le Рёге Longobardi nous donne, poursuit ainsi: Les Esprits sont tous de la тёте espece de Li, de sorte que le Li est la substance et Г Entite universelle de toutes choses. Je m'imagine qu'il veut dire, que le Li est pour dire ainsi la quintessence, la vigeur, la force et 1'entite principale des choses; puis qu'il a expresse- ment disting^ le Li dans 1'air et de la та^ёге de Гаіг. II semble que Li icy ne signifie point la ргеппёге substance spirituelle, mais ge^rale- ment la substance spirituelle ou l'Entelechie, c'est h dire ce qui est do^ d'activ^ et de perception ou regie de Taction comme les Ames. Et lors que l'auteur Chinois adjoute: que les choses nont d'autre difference entre elles, que d'etre d'une matiere plus ou moins grossiery plus ou moins ё1е^ие; il veut dire apparemment, non que les Li ou les Esprits soyent та(ёпек, mais des choses anin^es par les esprits, et que ceux qui sont joints a une тайёге moins grossiere et plus ёtendue, sont plus parfaits. II est aisё de croire que cet auteur Chinois n'en a pas assts рёпёиё la raison, et qu'il а сЬегсЬё la source de la diffёrence des Esprits dans les organes, comme font aussi beaucoup de nos philosophes, faute d'avoir connu l'harmonie preetablie, mais au moins il ne dit rien de faux. Ainsi son intention n'est point de faire les Lis ou Esprits, (et moins encor le Li absolument dit ou principal) materiel. II en est bien ёloignё, puisqu'il vient de distinguer entre I'Air et les Esprits qui l'animent. II ne dit pas; non plus que le Li est la тайёге des choses, mais il semble insinuer que les Lis particuliers sont une ётапайоп du grand Li plus ou moins parfaits, selon les organes, et qu'ainsi les differences des choses sont pro- portiomrees a la subtil et ёtendue de la тайёге, puisque leurs Li memes у sont proportion's. En quoy il ne dit rien qui ne soit vray.
lt;15.gt; Mais le P. Longobardi ay ant produit des passages formels des auteurs Chinois Classiques, qui font le Li la source des perfections, n'en alfegue point, qui le fassent devenir la МаПёге ргепглёге informe des scholastiques. II pretend le prouver par raisonnement, mais il est difficile que ce raisonnement soit aussi clair que des passages formels. Voicy ses raisons (14; 79) que je trouve ^s foibles : (1) dit il, le Li ne peut subsister par luy meme, et il a besoin de l'air primogene. Je ne say si les Chinois disent cela formellement, ils diront peut-etre qu'il ne peut operer par luy meme, lors qu'il opere naturellement dans les choses, puis qu'il ne produit les choses que par le moyen de matiere ргепнёге; qu'ils entendent apparemment par cet air primogene. Ainsi cela prouve plus tot, que le Li n'est point la matidre ргеппёге.
lt;16.gt; Le (2) argument est, que le Li considere en soy, selon les Chinois, est inanime, sans vie, sans conseil, et sans intelligence: Le рёге rapporte ailleurs des choses qui le confirment. Cette cause universelle, dit il (5; 52), selon les docteurs Chinois n'a ni vie, ny savoir, ny aucune autorite, ils en disent autant du Ciel, ou le Li se monstre le plus. Le P. Longobardi (11; 54) alfegue le Xu-king (ouvrage des plus ordinaires chez les Chinois) liv. 1. p. 53 ou il est dit, que le Ciel, qui est la chose la plus considerable du monde, ne voit, ni entend, ne hai't ni n'aime, il altegue aussi la Philosophic Chinoise liv. 26. p. 16, 17 ой il est dit, que le Ciel et la Terre n'ont point de Raison, volonte, ny deliberation. Et le P. de S. Marie (p. 81) аргё8 le P. Ricci cite Confucius dans son lung-iu chap. 15 ой expliquant le Li pour le tao (ifegle) il dit, qu'il est incapable de connoitre l'homme, mais l'homme est capable de le connoitre. II faudroit avoir une traduction bien exacte de ce passage pour voir si Confucius у parle du premier principe, ou s'il ne parle pas de la Loy ou regie in ab- stracto; comme on dit aussi chez nous que la Loy ne connoist personne, c'est-amp;-dire, qu'il n'y a point d'acception de personne chez elle.
lt;16a.gt; D'ailleurs je reponds que les Auteurs classiques Chinois s'ils refusent au Li ou premier principe, vie, savoir et autorite, ils entendent sans doute ces choses amp;veporcorca0colt;;, h 1а татёге humaine, et comme elles sont dans les creatures. Par la vie ils entendront 1'animation des organes, par le savoir ces connoissances qui s'acquiёrent par le raisonnement ou par 1'experience; et par l'aurorite ils entendront le pou- voir tel qu'est celuy d'un Prince ou d'un Magistrat, qui ne gouverne ses sujets que par la crainte et par l'esperance.
lt;16 b.gt; Mais donnant au Li toutes les plus grandes perfections, ils luy donneront quelque chose de plus sublime que tout cela, dont la vie, le savoir et I'autorite des Matures ne sont que des ombres ou de foibles imitations. C'est a peu pres comme quelques Mystiques, et entre autres
Denis le Pseudo Areopagite, ont nie que Dieu 6to\t un Etre, ens, cov, mais ils ont dit en meme temps qu'il estoit plus que l'Estre, super-ens wcepowia. C'est ainsi que j'entends les Chinois, qui disent, chez le Рёге de S. Marie, (p. 62) que le Li est la loy qui dirige, et 1'intelligence qui conduit les choses, qu'elle n'est pourtant pas intelligente, mais par une force naturelle elle a ses op6rations si bien regies et si seures, que vous dh^s qu'elle Test. C'est etre plus qu'intelligent, a prendre le terme a notre татёге, ou il faut chercher et dёlibёгer pour bien faire, au lieu que le premier principe est immanquable par sa nature. Et quant au Ciel et к la Terre, peut-etre, que l'auteur qui en parle a cru, que уёгка- blement ils manquent de connoissance, comme nous le croyons aussi, quoyqu'ils soyent gouvenres par une connoissance, Raison ou Rёgle.
lt;17.gt; Le (3) argument est, que le Li п'орёге que par hazard, et non par го1отё ou dёlibёration; du Li (5; 33) l'air (protogene) est sorti naturellement et au hazard, et (34) que naturellement et par hazard l'air agitё a produit la chaleur, et (36) que la production du monde, du Ciel, de la Terre, s'est faite purement par hazard d'une татёге toute naturelle sans dёlibёration et sans conseil. Et (11; 54) que le Ciel et la terre n'agissent que par une propension naturelle, comme le feu brule, et comme la pierre tombe. Et (14; 77) le Li est la ^gle naturelle du Ciel, et par son орёгайоп toutes les choses sont gouvenrees avec poids et mesure, et conforn^ment к leur ёtat; toute fois sans intelligence, ni reflexion, mais seulement par une propension, et par un ordre naturel. Et (17; 88) que le gouvernement et l'ordre des choses de ce monde vient naturellement et ^cessairement du Li, suivant la connexion des choses uni- verselles, et la disposition des sujets particuliers, ce que nous appelions la destine. Le тёте Рёге dit (17; 90): je demanday к un homme сё1ёЬге, qui tenoit une Ecole, ой il avoit un grand nombre de disciples, et qui entendoit parfaitement la doctrine des trois Sectes (c'est к dire des Lettres, des Bonzes ou Idolatres, et des tao-^u, que les Еигорёеш appellent Sorciers) je luy demanday (dis-je) si le Roy d'enhaut (xangti le Seigneur du Ciel) 6toit vivant et intelligent, s'il savoit le bien et le mal que font les hommes, s'il les recompensoit et les punissoit. La reponse de ce docteur est remarquable. II repondit, que le Roy d'enhaut n'avoit aucune de ces connaissances, mais qu'il agissait comme s'il les avoit, conforn^ment a ce qui est dit dans le Xu-king livre 1. p. 55 que le Ciel ne voit ni n'entend, n'aime ny ne haft; mais qu'il fait toutes ces орёга- tions par le moyen du.... avec qui le Li le lie.
lt;18.gt; Toutes ces expressions des Chinois regoivent un bon sens. Ils disent du Ciel, ce que nous disons des bestes, qu'ils agissent selon Tintelligence, et comme s'ils en avoient, quoy qu'ils n'en ayent point, parce qu'ils sont diriges par la supreme r?gle ou raison, que les Chinois appellent Li. Lors qu'ils disent, que l'Air protogene, ou la МаНёге sort du Li, naturellement et sans volonte, il se peut qu'ils croyent que Dieu a produit la тайёге n6cessairement. Mais on peut pourtant donner encor un meilleur sens к leurs paroles, en les expliquant de la convenance, laquelle a porte la supreme Raison a ce qui est le plus raisonnable. Et il se peut que par abus, ils ayent appelle cela necessaire, parce qu'il est d?termine et infallible, tout comme plusieurs en Europe se servent de cette expression. Et ils ont exclu Taction volontaire, parce qu'ils ont entendu par le volontaire un acte de conseil et de Deliberation, ой d'abord on est incertain, et on se determine dans la suite. Ce qui n'a aucun lieu en Dieu. Ainsi je crois que sans choquer l'ancienne doctrine des Chinois, on peut dire, que le Li a 6te porte par la perfection de sa nature, a choisir de plusieurs possibles, le plus convenable; et que par ce moyen il a produit le Ki ou la тайёге, mais avec de telles dispositions, que tout le reste en est venu par des propensions naturelles, к peu pres comme M. des Cartes pretend faire naitre le 8у81ёте present du monde par une suite d'un petit nombre de suppositions produites d'abord: Ainsi les Chinois bien loin d'estre blamables, m6ritent des louanges, de faire naitre les choses par leurs propensions naturelles et par un ordre preetabli. Mais le Hazard ne convient nullement icy, et ne paroist point fonde dans les passages des Chinois.
lt;19.gt; La (4)me objection du P. Longobardi n'est qu'une fausse supposition; il dit, (19) que le Li est le sujet de toutes les g6nerations, et de toutes les corruptions, prenant et quittant diverses qualit6s ou formes accidentelles. Mais il ne se trouve point dans les passages qu'il produit, que cela se dise du Li ou de la Rёgle, ou Raison supreme. Cela se dit plus tot de l'Air protogene, ou de la МаНёге, dans laquelle le Li produit les Entelechies primitives, ou vertus operatives substantielles, qui sont le principe constitutif des Esprits.
lt;20.gt; La (5)me objection de тёте, n'est encore qu'une supposition fausse ou mal prise. Savoir que selon les Chinois, toutes les choses du monde sont necessairement mat6rielles, et qu'il n'y en a point de veritablement spirituelles. II cite pour cela les livres 26 et 54 de leur Philosophie. II auroit 6t6 bon de nous en donner des passages. Mais je crois (comme j'ay dit) que les Chinois, excepte le Li, qui a produit la Matiere, ne reconnoissent aucune substance immat6rielle вёрагёе. En quoy je crois qu'ils ont raison, et que l'ordre des choses le porte ainsi, que tous les Esprits particuliers soyent toujours unis a des corps, et que 1'ame meme apvhs la mort ne soit jamais dёpouillёe de toute та^ёге organis6e ou de tout air ?а?оппё.
lt;21.gt; Le R Longobardi appuye fort sur un Axiome Chinois, qui dit, que toutes choses sont un, il en traite expres dans la section sep- Йёте (41) et il у revient souvent. Le R de S. Marie en parle aussi (p. 72). И у a un passage гарроЛё encor par le P. de S. Marie (p. 73) qui marque, qu'il у a quelque chose de plus que les qualms n^rielles. La Philosophie sing-li liv. 26 p. 8 dit, que la vertu directrice et productrice n'est point dans la disposition des choses, et ne dёpend point d'elles; mais qu'elle consiste et reside dans le Li, qui p^domine, gouverne et produit tout. Parmenide et МёИ58е parloient de тёте, mais le sens qu'Aristote leur donne paroist diffёгent de celuy du Parmenide de Pla- ton. Spinosa reduit tout a une seule substance, dont toutes les choses ne soyent, que des Modifications. II n'est pas aise d'expliquer comment les Chinois l'entendent, mais je crois que rien n'empeche de leur don- ner un sens raisonnable. Toutes les choses quant a ce qui est passif en elles, sont d'une тёте тайёге ргепиёге, qui ne difi^re que par les figures que les mouvemens luy donnent. Toutes les choses aussi ne sont actives, et n'ont leur Entelechies, Ames, Esprits, que par la participation du тёте Li, du тёте Esprit originaire, c'est к dire de Dieu, qui leur donne toutes leurs perfections. Et la matiere тёте n'est qu'une production de cette cause ргепиёге. Ainsi tout en ётапе, comme d'un centre. Mais il ne s'ensuit nullement, que toutes les choses ne different, que par des qualms accidentelles, comme les Epicuriens et autres ma- 1ёйаН81е8 le prennent, qui n'admettent que тайёге, figure et mouve- ment, ce qui seroit vёritablement dёtruire les substances imn^rielles ou les Entelechies, Ames et Esprits.
lt;22.gt; Ce dicton que tout est un, doit estre reciproque a cet autre dicton, que Г un est tout, dont nous avons раг1ё су dessus, en rapportant les Attributs du Li. II signifie que Dieu est tout ёттетте^ (eminent- er), comme les perfections des effects sont dans leur cause, et non pas formellement; comme si Dieu etoit l'amas de toutes choses: De тёте toutes choses sont l'un, non pas formellement, comme si elles en etoient сотро8ёе8, ou comme si ce grand Un ёиgt;к leur тайёге, mais par ema- nation, (emananter) parce qu'elles en sont les effects immediats, en sorte qu'il leur assiste par tout intimement, et s'exprime dans les perfections qu'il leur communique a mesure de leur receptivite. Et c'est ainsi qu'on dit Jovis omnia plena; qu'il remplit tout, qu'il est en toutes choses et qu'aussi tout est en luy. II est en meme temps le centre et l'espace, parce qu'il est un cercle dont le centre est par tout, comme nous avons dit су dessus. Ce sens de I'Axiome, que tout est un, est d'autant plus indubitable chez les Chinois, qu'ils attribuent au Li une parfaite unite, incapable de division, au rapport du P. Longobardi, marque су dessus ce qui le rend incapable de division, il ne sauroit done avoir des parties.
lt;23.gt; On pourroit peut-etre dire, qu'k la verite le Li ne sauroit res- sembler h la Matiere premiere de nos Philosophes, mais qu'on peut le concevoir, comme la premiere forme, e'est-a-dire comme l'Ame du Monde; de la quelle les ames particuliamp;res ne seroient que des modifications, suivant plusieures anciens, et suivant les Averroistes, et en quelque fa?on selon Spinosa: comme les matieres secondes ne sont que des modifications de la matiere premiere; Et qu'ainsi l'Ame du monde operant dans certains organes, l'ame particuliere qu'on у suppose, ne seroit que cela. Cette doctrine n'est point soutenable; chacun estant son Moy, ou son individu. Les matieres particulieres peuvent resulter des modifications de la matiere premifere, parce que cette matiere a des parties. Mais la forme premiere ou l'Acte pur n'en a point; ainsi les formes secondes ne sont pas produites de la premiere, mais par la ргегшёге. Je ne veux point nier, que quelques Chinois ne puissent avoir donne dans cette erreur; mais il ne me paroist point, qu'on la puisse etablir par les passages de leurs anciens auteurs. Le P. Longobardi qui a parle h tant de Mandarins pour apprendre d'eux des passages contraires a notre Theol- ogie, en auroit all6gue, s'il en avoit trouve. Ainsi je crois qu'on peut soutenir, sans choquer leurs auteurs classiques, qu'il у a des Esprits, tels que celuy de 1'Homme ou des Genies, qui sont des substances differentes du Li, quoiqu'ils en emanent.