blanc jaune bleu noir
5° De ее 3e degre si on monte au 4C: parce que 8 produit 16 dans la progression double suivant cete analogie les 8 genres representes par les 8 caracteres trilineaires de la figure de Fo-hii en produisent 16 autres, savoir chacun deux, qui gardant entr'eux la mesme analogie que leurs gen6rateurs, ne different que du plus et du moins, et on les peut representer tres naturellement par 16 caracteres, composes chacun de 4 lignes brisees et entieres et combinees suivant la mesme analogie.
6° De ce 4е degre de generation on passe de la mesme maniere au 5e qui contient 32 genres sp?cifiques, ou е8рёсе8 g6neriques, representa- bles par 32 cara^res composes chacun des deux mesmes sortes de lignes diversement combines ensemble au nombre de cinq, pour mar- quer le 5e degr6 de generation.
Enfin de ее 5e degre on monte au 6C qui contient 64 espamp;ces de choses, ou d'idees, que Fo-hii a voulu sans doute repr6senter par les 64 caracteres sextilineaires de sa figure,11 touts sym- boles naturels des idees qu'ils representent, les quels joints ensemble dans cet ordre admirable qu'il les a a[r]rang6s dans sa double figure quarree et circulaire, fournissent une methode trhs parfaite pour traiter к fonds et expliquer trfes clairement et sans embarras ni difficulte, et par les mesmes termes et analogies les principes de toute sorte de sciences.II у a ici une reflexion к faire, savoir que pour passer du 3e degr6 de generation au 6e, le plus court seroit de multiplier par huit, chacun des huit termes du 3e degre.
Par cete multiplication, on auroit le mesme nombre de 64 et on se delivreroit par Ik de deux degres de genres sub- alternes, dont la multitude ne peut causer que de la difficulte et de l'embairas dans une science, comme ce genre de metaphysique, qui doit estre egalement simple et universelle. Outre cela cete multiplication donneroit heureusement les differences des 8 degres qu'Aristote donne к ses qualit6s. Ainsi pour appliquer ceci au mesme sujet, que nous avons pris ci dessus pour exemple je veux dire aux couleurs, on distinguera par ce moyen avec une nettete admirable 64 couleurs dif- ferentes sous huit genres principaux dont chaque genre en contient 8 differentes[.] En quoy il у a ceci d'admirable, que ces huit genres de couleurs estant rang6es selon l'ordre, que nous les avons rapportees ci devant, et distinguee chacune en ses huit degres, qui forment huit nuances differentes, ces huit nuances unies ensemble, ne feront qu'une seule nuance universelle(b) de 64 sortes de couleurs chacune differente de leurs voisines seulement d'un degre. Ce que j'ai dit des couleurs, se peut et doit dire de la mesme татёге de tous les autres sujets(c) ausquelsRandbemerkung von Bouvet: Pour voir cete nuance entiere des couleurs гергеве^ёе par l'harmonie des caracteres de la figure circulaire, il faut en assambler le deus piece de sort que Гипе se voit par revers. c Randbemerkung von Bouvet: Avec deux seuls principes, ou deux sortes de matiere Г une ign?e et mobile de sa nature; et Г autre terrestre et sans aucune action de sa nature, toutes deux produites par le createur, en suivant les regies et Tanalogie de ce systeme: on explique sans embarras la production de toutes les especes de choses q'il у a dans Tunivers, etc.
on voudra appliquer cete nouvelle, ou plustost cete ancienne m6taphysi- que, qui peut estre a quelque rapport a celle, Monsieur, dont vous faites esp?rer au savans de donner des demonstrations, et qui pour cete raison merite peut estre que vous daigniez у faire quelqu' attention.
Suivant ce systёme lors qu'on dira de quelque sujet, qu'il est album ut quatuor, nigrum ut octoy calidum ut duo, frigidum ut sex, siccum ut quinque, humidum ut septem sive in 7mo gradu etc., on aura une idee aussi nette et aussi exacte de ce que Ton dit, quand on dit qu'un degre est la 360е partie d'un cercle, ou qu'un signe celeste est la 12е partie du zodiaque etc.
Et il est tres vraisemblable, qu'Aristote, et les autres grands philosophes qui ont parle comme lui, ont eu ces mesmes idees, lors qu'ils ont parle de la sorter et que si la posterite a trouve de l'obscurite dans leurs expressions, ce n'est que faute d'avoir compris leurs pen- sees, et bien congu leur veritable 8у51ёте, qui quand on I'aura bien examine se trouvera peut estre rouller tout entier sur les mesmes principes, que celui de Fo-hii, qui a mon avis tant pour son antiquite, que pour la nettet6, la simplicit6, la solidite et l'universalite, merite avec beaucoup de raison d'estre regarde comme le prince de tous les Philosophes, ce que je crois pouvoir avancer sans pretendre par la donner h la Chine pour la science, la superiorite par dessus toutes les autres nations du monde. (A Dieu ne plaise que je commette une injure si atroce con- tre l'Europe ma с here Patrie, qui en fait de hautes sciences est aussi superieure a la Chine, que la Chine est distante de l'Europe!) Car quoy que cete nation regarde ce grand homme comme son lermaistre et comme le fondateur de sa monarchie, il у a de fortes raisons suivies par de tres habiles docteurs (je parle du plus grand nombre) qui font voir que Fo-hii ne mist jamais le pied dans la Chine. Et au contraire la plus part des choses que I'on rapporte de tant du temps ou il a vescu, que de celles, qu'il a faites sont telles qu'il est aise de juger, par la conformite presqu'entiere que tout cela a avec ce que nos anciens Auteurs, et ceux du levant ont rapporte de Zoroastre, de Mercure Trismegiste, ou mesme d'Enoch, que Fo-hii n'a este autre que quelqu'un de ces grands person- nages, ce que les deux jeroglyphes de son nom mesme, donnent quelque lieu de conjecturer. Car le ler jeroglyphe Fo est compose de deux autres caracteres savoir gin (homo) et Kiuen (canis), comme qui diroit homo canis, sive canica sagacitate in venandis et perquirendis rerum omnium causis et principiis, aussi bien que Mercure Trismegiste, que les auteurs des jeroglyphes emblematiques ont represente avec une teste de chien sur un corps humain. Le 2ond caractere hi signifie victimes, terme qui donne a connoistre que Fo-hii a este Sacrificateur, ou grand prestre et que c'est lui qui a regie l'ordre des sacrifices et du Culte Religieux. Outre le nom ordinaire, on lui donne encore dans les livres le Titre de Tai'-hao, qui signifie tres grand, et trois fois grand, ou Trismegiste.Revenons к son sj^me, sur le quel je dois encore faire remarquer 1 ° que les 8 genres du 3me ordre de generation, chacun avec ses huit especes, sont representez dans la figure quarree dans autant de lignes horizontales contenant 8 caracteres sextilineaires; les quels caracteres dans la supposition de la generation des 64 especes, faite par la multiplication octavaire de chacun des 8 genres du 3me degre de generation, doivent estre considerez comme produits immediatement par la combinaison de chacun de 8 caracteres trilineaires, ou simples, tant avec lui mesme qu'avec chacun des sept autres, de telle maniere que le caractere simple combine fasse la moitie inferieure, et le caractere simple ajoute par la combinaison, fasse la moitie superieure du caractere double, comme on voit dans la figure quarree.
Je dois faire remarquer en 2ond lieu que dans ce systeme, qui a este fabrique il у a plus de 4600 ans, si on en croit la Chronologie Chinoise, et qui consequemment est le monument le plus ancien qui soit sur la terre, ay ant este fait par un homme infiniment eclaire, et qui ne pouvoit ignorer Г age du monde, et l'ordre que le createur a tenu dans la creation, lui qui pretendoit sur tout enseigner a la poster^ par ce systeme les causes et les principes veritables de la production de l'Univers et de toutes les parties qui le composent: je dois faire remarquer dis-je que ce Philosophe a du pour faire recevoir sa doctrine, avoir egard a l'ordre de la creation, dont la connoissance devoit estre encore ^s distincte et universelle de son temps, au quel les enfants de Noe estoient encore vivans, ou estoient morts depuis peu de temps.
Aussi est ce pour cela, ce semble, et pour representer comme au naturel la suite des productions de toutes les creatures des six jours, rapportez par Moyse, que ce philosophe qui doit avoir vescu avant lui, a establi six degres de generation dans son systeme; c'est aussi sans doute pour conserver la тбтоіге du septieme jour que Dieu sanctifia par son repos apres l'ouvrage des six jours, et qu'il obligea l'homme d'observer religieusement pour conserver la memoire des bienfaits infinis de son Auteur; que Fo-hii a consacre le sep^me nombre dans le systeme de sa figure circulaire, dont toutes les revolutions finissent et commencent dans le septieme, mystere que les Chinois n'ont jamais entendu, et que nous esperons un jour developer avec I'aide parti- сиНёге du Ciel.
Je dois faire remarquer en 3e lieu, pour faire voir la conformite de vostre belle demonstration de Fexistence d'un Dieu Cr6ateur de toutes choses, tiree des nombres, avec celle que renferme le systfeme de Fo-hii, que, puisque son systeme roulle sur la progression geometrique double 1,2,4,8,16,32,64, continuee jusqu'au 7"* terme, dont 1 ou plus tost (.) est le principe ou le ler terme et comme le gen6rateur de tous les autres: 2 le premier degre de generation: 4 le 2e degre: 8 le 3C degre etc., et puisqu'il donne dans ce systeme les six derniers termes de cete progression, pour les symboles ou Images des six degrez de generation de toutes les choses naturelles, il s'ensuit que comme le 2ond terme, ou premier degre de generation 2 qui est l'exposant des characteristiques du Ciel et de la terre; il s'ensuit, dis-je, que comme 2 est le premier degre de generation et qu'il a 1 pour principe de sa generation; de mesme le Ciel et la Terre doivent estre selon Fo-hii le premier degre des productions naturelles, et avoir un principe unique de leur production, represente par 1, ler des sept termes de la progression double 1,2,4, 8,16, 32,64.
Verite qui d'ailleurs est clairement etablie dans les livres classiques de la Chine puisqu'on lit dans le Livre des Rites ce passage Таї-у fen el guei tien ti. C'est amp; dire l'unite tres grande ou trois fois grande, ou pour mieux dire encore, l'unite Trine (car les 2 jeroglyphes Таї-у renferment tous ces trois sens) est le principe du Ciel et de la Terre.Mais pour faire voir que ce Таї-у, ou cete grande unite, dont parle le livre des Rites est une unite reelle, intelligente, toute puissante, et la mesme chose que Хат Ті, souverain Seigneur du Ciel et de la Terre, il suffit de dire qu'on lit dans le Che-Ki qui est un livre ancien d'Annales, fort estime et ecrit avant la naissance de J(esus] C(hrist], qu'anciennement on sacrifioit et oflFroit des victimes du ler ordre au Таї-у, c'est a dire Uni maximo, dans le Kiao, lieu destine aux sacrifices de Хат Ті. A quoy je puis ajouter qu'il est rapporte dans un rituel amp; реи pres aussi ancien, qu'autres fois on sacrifioit de la mesme maniere h Y-San, id est Uni Trino. Ce qui fait voir, Monsieur, que les anciens Chinois ont eu con- noissance, non seulement de Dieu comme Createur et comme Principe de toutes les choses naturelles; mais encore du mystere adorable de la tres Sainte Trinite. Si j'ajoutois qu'on trouve cent endroits dans leurs anciens livres qui peuvent faire juger prudemment qu'ils ont eu con- noissance du pechё et du chatiment des mauvais Anges, de la longue vie des premiers hommes, de la corruption de la nature humaine par le peche, du deluge, de Tlncarnation future du Verbe Divin et des principales cir- constances de mystere de nostre redemption, les quelles se trouvent marquees par des traits si clairs et si circonstanciez, qu'ils me parois- sent comparables ou mesme pr6f6rables aux oracles des Sybilles; il faudroit me resoudre a voir ces propositions contredites mesme par la plus part de ceux \k mesme des missionaires, qui reconnoissent avec moy comme une chose hors de doute que les Chinois ont eu autres fois une connoissance bien parfaite de la Divinite: Mais cela ne m'osteroit pas Tesperance de voir peut estre un jour au moins la plus grande partie de mon sentiment, qui assurement est trfes bien fonde, comme je me flate de pouvoir demontrer.
Si vous voulez estre bien tost persuadё de cete v6rite (Je veux dire que les Chinois ont eu connoissance de la divinite), aussi bien que nous, Monsieur, qui le sommes depuis long temps, sur de trhs solides raisons, quoy qu'on ait риЬНё contre, ces dernieres ann6es par toute ГЕигоре, prennez la peine de parcourir une petite Relation latine que nous ve- nons de faire imprimer ici к Peking, et dont je vous envoy6 un e xe m p 1 а і r e.
En lisant Г Article de la tradition ancienne et tout ce qui regarde les temples et les Sacrifices, aussi bien que les Sentences et proverbes, si vous trouvez quelqu'endroit sur lequel vous desiriez quelqu'eclaircissement, ayez labont6, Monsieur, de me le marquer, comme c'est moy qui ai travaille ce morceau, peutestre qu'il ne me sera pas difficile de vous donner satisfaction sur cela. En attendant si je puis envoyer cete annee en France la tradution d'un autre petit ouvrage Chinois que j'ai dressё pour les nouveaux missionaires, et pour les chinois qui se piquent d'entendre leurs livres classiques, vous pourrez у trouver de quoy contenter pleinement vostre curioste sur cete matiere, cet ouvrage estant un recueil complet de toutes les plus beaux sentimens qui se trouvent dans les livres classiques de la Chine touchant la divinit6 гangёs en forme de са1ёсЫ8те propre к instruire et к faire voir sans aucune dispute ni raisonnement, que les anciens Chinois n'ont est6 gueres Мёпеиге en cete тайёге к ceux qui ont eu les connoissances les plus ёсЫгёв de la Diving.Je ne finirois point sur ce sujet si je suivois mon inclination, mais je m'apper?ois, qu'une si longue lettre ёсгке avec tant de precipitation, si peu d'ordre et tant de ratures, doit beaucoup vous ennuyer. II faut пёап- moins encore avant de finir que je reponde a quelques autres points de vostre letre en vous promettant de faire mon possible pour vous procurer les version du Pater dans toutes les langues que je pourrai etc.
Le P6 Grimaldi, qui est devenu fort infirme, a este fort touche de l'honneur de vostre souvenir. Je Fai prie de ve part de vous chercher quelques observations d' Astronomie anciennes et choisies, etc. que vous souhaitez. Nous ferons aussi de nostre coste ce que nous pourrons pour vous donner cete satisfaction. Les chinois ont eu autresfois (je doute neanmoins si cela doit s'entendre d'autre que de Fo-hii, dont le Syst?me me paroist fonde sur une parfaite connoissance de la science des nombres et de la geometrie) ont eu, dis-je, connoissance des nombres et de la geometrie et en particulier de ce qui regarde les proprietes admira- bles des costes et de l'hypotenuse des triangles rectangles. J'ai dit je doute, car je n'ai pas examine si ce que I'on trouve apresent dans leurs livres sur cete matiere, et qu'ils s'attribuent est veritablement d'eux, ou ne leur est point venu des Arabes.
La conjecture de Golius dont vous me parlez touchant les caracteres et la langue des Chinois, me paroist veritable, croyant aussi bien que lui non seulement qu'il у a de I'artifice dans leur construction, mais encore que 9a este Feffet d'une Science et d'une Sagesse consommee des premiers Patriarches du monde, que j'en crois les auteurs et non pas les Chinois, dont les Jeroglyphes tout alterez qu'ils sont me paroissent es- tre les mesmes que ceux des Egyptiens; et leurs mots, qui ont souffert une alteration bien plus considerable ayant encore beaucoup de rapport et pour le son et pour le sens aux autres langues, et surtout aux plus simples et aux plus anciennes, comme sont la langue sainte et les autres langues orientales. Si j'ai du loisir je pourrai un jour faire plusieurs remarques curieuses sur ce sujet, qui me paroist avoir de quoy foumir beaucoup de matiere.
Les occupations des Jesuites frangois depuis que nous sommes en- trez dans cete mission, ont este sujetes a tant de distractions, et traversees par tant de difficultez, que nous n'avons pu encore joindre aux travaux ordinaires de la mission, qui comme vous savez doit estre nostre principal employ, le plan regulier que nous avions dress6 pour travailler a eclaircir les choses de la Chine et к donner connoissance des sciences de cete Nation к 1'Europe. Mais к present que le Ciel nous met en estat de pouvoir commencer а у travailler serieusement, par le repos que nous allons gouster avec l'aide de Dieu au milieu de nos travaux et par le nombre de nos compagnons qui va se multipliant considerablement chaque annee, aussi bien que le nombre de nos establissemens, nous esperons doresnavant pouvoir envoyer chaque аппёе en Europe des con- noissances, qui feront un vrai plaisir aux Sgavans et en particulier a ceux qui s'interessent et qui contribuent comme vous d'une ташёге si extraordinaire к la perfection des Arts et des Sciences.
Nous supposons aussi de nostre соste, et е8рёгоп8 du grand гё1е que vous montrez, Monsieur, pour la propagation de la foy dans ce grand Empire, que vous voudrez bien nous communiquer vos propres dёcou- vertes, et celles de cete nouvelle et illustre Acadёmie, qui commence de travailler a vostre Exemple et sous vos auspices. Ce seront de nouvelles Armes dont les Missrcs se serviront ici pour dёtruire peu a peu l'Empire du demon et у establir solidement celui de J[esus] C[hrist].
Je souhaiterois avoir quelque dictionaire traduit en quelque langue d'Europe pour vous l'envoyer; mais je [n*] en ai point. Le P Visdelou est en estat d'en commencer un, qui ne laissera rien a dёsirer sur ce sujet, si ce n'est peutestre Г analyse des cara^res que vous souhaitez. Pour moy j'avois une inclination рагйсиНёге pour travailler a cete analyse: mais je crois que je ne dois pas pour cela me distraire de quelques autres ёи^ев, qui me paroissent plus importantes pour le bien de la Religion et mesme par rapport h nos Sciences. La Traduction du dictionaire Chinois en Tartare que ГЕтрг fait faire par des gens ^s habiles, n'est pas encore ас!^ёе. Si tost qu'elle le sera quelqu'un de nous en fera une traduction latine ou francoise pour donner tout к la fois a Г Europe la connoissance de trois langues ёйгавдёге$. Car la langue Chinoise et ses cara^res sont comme 2 langues diffёrentes, dont Типе parle a Toreille et Г autre aux yeux.
En attendant je ferai chercher le livre dont vous me parlez, je veux dire celui ou les figures des choses sont jointes aux mots, avec un autre ой sont les figures des vases anciens des sacrifices, et autres choses semblables avec leurs inscriptions en anciens jeroglyphes. Cet ouvrage est ici du mesme goust que nos livres de nr^dailles anciennes, l'explica- tion des inscriptions у est ajoutёe en jeroglyphes ou cara^res moder- nes. S'ils se peuvent trouver a temps je vous les eqvoirai cete аппёе, avec quelqu'echantillon du papier que vous souhaitez; et ensuite le secret de faire ce grand papier si je puis Г obtenir.
Pour vostre belle d^couverte des nombres, avec la dёmonstration que vous en tirez pour ё1аЬНг le dogme de la elation, il faut attendre quelqu'occasion favorable pour en parler amp; ГЕтрг qui depuis quelques annees ayant acheve de se satisfaire sur ce qu'il desiroit savoir de la Theorie de nos Sciences, ne nous donne plus la mesme facilit6 qu'aupa- ravant, de Fentretenir de ces sortes de choses. D'ailleurs lorsqu'on lui parle de quelque chose, comme il faut estre prest sur toutes les questions qu'il peut faire a ce sujet; et que vous ne m'avez encore fait la grace de me communiquer tout ce qui seroit к d?sirer sur cela, je serai peutestre oblig6 d'attendre quelque nouvelle connoissance к cet 6gard.
Depuis que je suis retourne d'Europe, l'Empereur ne m'a point donne d'autre occupation pour son service, que celle de travailler avec deux de mes compagnons, que je lui ai amenez, et avec le P. Thomas, к une Carte Topographique de 20 pi6s en quarre, que nous lui fimes 1'hyver dernier d'un Canton de cette province de 15 lieues d'?tendue, depuis cete ville vers le midi. Mais cete occupation ne m'a donn6 lieu de faire aucune decouverte que je juge meriter de vous estre ecrite, si ce n'est qu'en faissant la carte du hai' q й maison de plaisance, ой l'Empereur va tous les ans prendre pendant quelques jours le divertissement de la chasse, nous vimes parmi les bestes fauves qu'il у a de plusieurs espdc- es et en tres grand nombre, une sorte de mulets et mules sauvages, qui ne different en rien des domestiques, si non que cete espdce multiplie en Tartarie, ой on les prend, comme les autres animaux. Peut estre que ce qui rend steriles les domestiques, c'est cete education contrainte et gesnee, de mesme que les elefants que nous avons vus a Siam, ou ceux qui ont l'lntendance des elefants du Roy, aussi bien que leurs palefre- niers, nous ont tous assurez, que les elefans devenoient steriles dez qu'ils estoient apprivoisez et qu'on les elevoit dans l'ecurie, au lieu que lorsqu'on leur laissoit la liberte d'aller dans les bois, ой le Roy de Siam en a plusieurs haras, ils multiplient aussi bien que les sauvages, avec les quels les elefans femelles des haras du Roy se meslent. Cette annee l'Empereur outre sa chasse ordinaire de Tartarie qui a este de pres de 4 mois, en a fait une extraordinaire. C'est la chasse de l'elan ou de l'orignac. II en a tue plus d'une vingtaine de sa propre main. C'est dans son propre pais qu'il est alle faire cete belle chasse. L'orignac, et le castor, qui se trouvent dans ces quartiers la comme dans l'Amerique Septentrionale, est une nouvelle raison de conjecturer que ces deux continents ont quelque communication entr'eux.
Je garde les questions de Mr Scrokius et celles du P Cochanski, pour у repondre moy mesme ou quelques uns de mes compagnons. Ceux qui ont dit que le Prince ЬёгШег de l'Empire apprenoit ou avoit appris quelque langue d'Europe ont este mal instruits. L'Empr a bien eu quelques fois la curiosite de nous faire ёспге devant lui les lettres de nostre Alphabet, et de nous faire lire de nos livres, aussi bien que les princes ses enfants, mais jamais avec dessein de les apprendre. II est vrai que Sa Majeste et quelques uns de ses Enfants к son exemple ayant trouve les caracteres de nos chyfres plus simples et plus commodes que les leur pour le Calcul, s'y sont tellement accoutumes qu'ils se servent de nos Tables de Sinus etc. et de logarithmes, comme nous mesme. Геп avois fait relier proprement plusieurs exemplaires en France pour cete raison, dont ils se servent к present.
Vous avez tres grande raison, Monsieur, de croire que les caracteres chinois doivent avoir de la liaison, car ils en ont en effet, et une tres grande qui seroit d'un merveilleux usage pour apprendre a les connois- tre et к les retenir sans crainte de les oublier, si on connoissoit bien cete liaison, et les vrayes raisons de leur construction, qui ne tient rien du caprice ni du hazard. Si on connoissoit cete liaison et si les dictionaires estoient faits selon une methode fond?e sur cete liaison ce seroit un plaisir charmant que l'etude de ces caracteres, qui faute de cela est Fetude la plus epineuse et rebutante qui soit au monde. Dans tous les dictionaires il у a a la teste une liste des caracteres Radicaux, dont tous les autres sont composez, et sous les quels on les a distribues comme dans autant de classes; mais parce que dans ces dictionaires on n'a eu egard qu'au nombre des traits pour l'ordre de leur arrangement, afin de pou- voir trouver plus aisement ceux que l'on cherche, on ne peut gueres tirer d'autres aventages de ces dictionaires.
Avant que de finir cete letre que je trouve deux fois trop longue, pour ce qu'elle contient, vous ne serez peut estre pas fasche de voir l'Analyse de quelques uns des Jeroglyphes qui sont employez depuis plus de 4500 ans par les Philosophes de cet orient, pour marquer le Souverain estre, qu'ils ont connu aussi clairement du moins, que les autres philosophes de toutes les autres nations excepte les Chretiens et les Juifs. Ces Jeroglyphes en seront une preuve qui peut passer pour demonstration devant des personnes capables comme vous de juger de ces sortes de choses.
Le Point, et l'unite estant les principes, de la Science de la grandeur continue et de la grandeur discrete, ou plus tost, de l'Arithmetique et de la geometrie, qui sont les deux bases sur quoy roullefnt] toutes les Sciences chinoises; il ne faut pas s'etonner si les anciens Sages pour exprimer le Souverain estre qui est le principe de tous les autres et le plus simple de tous ont employe les signes du point et de Г unite; et se sont servis pour cet effet de ces deux caracteres (.) (-) qui sont les deux plus simples qui se puissent imaginer, et comme les deux premiers principes de tous les autres. C'est pour cela 1° qu'anciennement pour exprimer I'Idee de maitre, de Seigneur, de Souverain, ils marquoient seulement un point (.) qu'ils pronon?oient chu (dominus) ainsi que tous ou presque tous les dictionaries font foy. 2° Dans le livre classique chu-Kim le caractdre de l'unite (-) est employe aussi pour marquer l'unique et Souverain estre Aotiei-ye.
Dans le texte du livre li-Ki cite ci dessus, ce mesme caractere sert comme j'ai dit a marquer la divinit6. B(Ta'i-ye)fen el guei tien ti. c'est a dire unitasB ter maxima, vel Bunus ter Bmaximus et principium Coeli et terrae, car le terme ta'i signifie maximus, ye unus: et ces deux termes joints ensemble renferment le nombre ternaire ou une Trinite, comme les Chinois disent ordinairement avec leur dictionaire sans qu'ils enten- dent apresent ce qu'ils disent сТаїуе hart San, hoc est: unus maximus involvit Trinitatem (personarum scilicet).
II faut remarquer ici que le caractere ЕТаї, maximus est compose de deux autres savoir de TaF magnus et du pointF (.) dominus. Ainsi Tati- ye analys6 signifie exactement unus magnus Dominus, titre qui ne con- vient qu'a Dieu seul, aussi bien que unus trinus maximus.
De la vient que pour marquer par un seul mot cete mesme Idee, ils ont joint le caractere de l'unite (-) au caractfere Та magnus, et en ont fait le caractfere ^ Tien Coelum, qui signifie plus tost le Ciel Archetype, que le ciel materiel, pour le quel il est employe 6galement. Ajoutez encore a cela le grand rapport que le mot de Tien tant pour Г Idee que pour le son, [a] au mot grec 0eov, Qeoq, l'un et l'autre estant egalement aspire dans la prononciation. Ce mot qu'ils ont sou vent dans la bouche Gye ta guei Tien, c'est a dire le caractere ye, unus, et le caractere ta magnus, forment le caractere t'ien coelum; ou dans le sens de proverbe unum magnum est Coelum, ce qui s'entend plus naturellement du Seigneur du ciel que du ciel mesme.
Le jeroglyphe HTi ^f, Empereur, Xam ti, Souverain Empereur qui est le сагас!ёге le plus en usage pour exprimer le Souverain Seigneur de toutes choses, ce jeroglyphe dis-je est compose de deux caracteres savoir de //, qui signifie primo erigere, et de |~f] Kin vexillum sive signum, qui est la marque du commandement, ce qui donne a entendre que c'est
Dieu qui a la souveraine auctorite dans le monde; que c'est lui qui commande к toutes choses, et qui peut se faire obeir au moindre signe de sa volonte.
Le jeroglyphe Ті ^ est communement explique mesme par les philosophes les moins orthodoxes sur le chapitre de la connoissance et de 1'existence d'un Dieu; est explique dis-je par ces deux autres carac- thres, chu даї ^ Щ c'est a dire Seigneur qui gouverne, (Dominus Gu- bernator) de chacun des quels nous allons faire I'Analyse. 1° Le jeroglyphe chu, dominus est compose de deux autres, savoir -? vam (Rex) et du point (.) Seigneur. Ainsi selon cete analyse chu signifie propre- ment Seigneur Roy. 2° Le jeroglyphe даї ^ est compose de 3 parties dont la lre ou la superieure, qui est г*-, instituee pour signifier couvrir en forme de toit, et d?note le ciel; la 2de qui est f- xe, et le сага^ёге du nombre dix chez les Chinois comme chez les Romains et les Egyptiens; et qui se prend chez les lere pour l'universite des choses que le ciel renfer- me, aussi bien que chez Pythagore qui representoit toutes choses par son celebre quaternaire 1.2. 3. 4. dont la somme est dix; la 2dc partie de ce сагас1ёге, dis-je, qui estxe... represente, 1'universe de toutes les choses que le ciel renferme. Enfm la 3e partie de ce jeroglyphe savoir li qui est entre les deux prёcёdentes, et qui signifie erigere, condere, marque d'une татёге tres convenable, estant jointe aux deux autres, Г Idee du сгёа- teur du Ciel et de toutes choses conditor Coeli et omnium quae Eius ambitu continentur.
Le сагас1ёге Hoam qui dans le commencement n'estoit аИпЬиё, qu'amp; Хат ti\ et que les Empereurs se sont апх^ё, depuis que cet Em- pereur fameux par l'incendie de tous les livres de l'Empire, usurpa ce titre superbe apres avoir subjug^ tous les Roys qui partageoient alors la Chine entr'eux, ее сагас1ёге dis-je qui signifie Auguste, estant сотро8ё de ces deux autres рё centum et vam Л Rex, Reges marque tres claire- ment la puissance souveraine, et fait voir que les Sages de l'Antiqu^ chinoise, ont reconnu Xamti par ce Titre, pour le Souverain des Sou- verains, Rex Regum et Dominus Dominantium, ой il faut remarquer, que le jeroglyphe pe centum, est un terme collectif universel. Par example pe sim centum cognomina se prend pour tout le peuple. Pe-co centum fruc- tus se prend gёnёralement pour tous les fruits de la terre.
Je pourrais encore ajouter ici l'analyse et l'explication de plusieurs autres jeroglyphes propres de Xamti dont les Chinois se servent pour exprimer ses perfections infinies. Mais ce que j'en ai гарроПё me pa- roist suffisant pour convaincre par la force des Jeroglyphes, des per- sonnes plus difficiles que vous h persuader sur cete matiere, savoir que les anciens Chinois ont v6ritablement reconnu un Dieu, et adore autre chose que le Ciel materiel. Et par consequent que tous ceux qui leur disputent cete connoissance, entendent peu la force, F6nergie et le veritable sens de leurs caractferes. Pardon, Monsieur, si par la longuer et le mauvais ordre de cete letre j'ai passe les bornes du respect profond avec le quel je vous supplie de croire que je suis
Vostre tres humble et tres obeissant serviteur
J. Bouvet J.
Monsieur
Comme vous avez connoissance de divers livres que je n'ai pas ici et qui pourroient m'estre utiles dans le genre d'etude auquel vous voyez que je m'applique, obligez moy de les indiquer au Рёге le Gobi- en qui se chargera volontiers du soin de me les faire chercher: mais par dessus toutes choses ne me refusez pas je vous supplie, vos pro- pres lumieres dont je ferai plus de cas que de tous les autres secours quoy qu'ils puissent estre.